đ„Catastrophe imminente : Pourquoi les français gardent-ils leur calme ?
Quel est le secret de notre zénitude ?
Depuis le début du mois de juillet, je savoure quelques jours de vacances avec mon épouse et mes enfants, dans un chalet au bord du lac de Sanguinet.
Le lac qui était une riviÚre
SituĂ© Ă 35 km au sud de Bordeaux, le lac de Sanguinet sâest formĂ© il y a environ 6000 ans suite Ă lâobstruction de lâembouchure dâune petite riviĂšre cĂŽtiĂšre. Le cours dâeau ne trouvant plus de dĂ©bouchĂ©s a inondĂ© son lit. Ce processus sâest dĂ©roulĂ© par a-coup, sur plusieurs milliers dâannĂ©es, obligeant les villagois installĂ©s au bord du lac grandissant Ă abandonner leurs logements Ă chaque fois que ledit lac prenait de lâampleur. Pour lâinstant, le lac est stabilisĂ© et câest un trĂšs beau site naturel, perdu dans la pinĂšde, Ă 15 kilomĂštres environ du littoral Atlantique.
Feux đ„
Le coin est sous le feu (sic) des projecteurs en raison des incendies monstre qui ravagent la rĂ©gion depuis mardi 12 juillet et que les pompiers ne sont toujours pas parvenus Ă Ă©teindre Ă lâheure oĂč je vous Ă©cris mon Ă©dito.
Pour information, nous sommes jeudi soir
Jâaime bien rĂ©diger mon premier jet le jeudi, car cela me laisse plusieurs jours pour relire mon texte, le peaufiner et le perfectionner pour en faire le petit joyau que vous dĂ©couvrez chaque dimanche avec dĂ©lectation.
Si je ne me suis pas imposĂ© un thĂšme dans la prĂ©cĂ©dente newsletter, en vous promettant de traiter un sujet prĂ©cis dans la suivante, je trouve lâidĂ©e de la semaine dans lâactualitĂ© du secteur, mes lectures, les relations avec nos clients⊠bref, je ne suis jamais Ă court.
RĂ©diger cette premiĂšre mouture me prend environ 2 heures. Ensuite, les travaux complĂ©mentaires me demandent Ă peu prĂšs le mĂȘme temps, mais Ă©talĂ©s sur les 3 jours suivants⊠Donc, si vous vous posez la question, sachez que - en moyenne - la rĂ©daction de votre newsletter dominicale prĂ©fĂ©rĂ©e me demande 1/2 journĂ©e par semaine.
Incendies đ§đ»âđ
Donc, la forĂȘt brĂ»le et nous sommes Ă un jet de pierre du foyer.
Le panache de fumĂ©e sâĂ©tend sur des centaines de kilomĂštres. Depuis ce midi, le nuage a pris de telles proportions quâil occupe tout le ciel et masque le soleil. DerriĂšre cette masse fuligineuse, lâastre prend une teinte sanguinolente, la lumiĂšre est orangĂ©e et la tempĂ©rature a chutĂ© de plusieurs degrĂ©s.
On comprend ce quâont dĂ» ressentir les dinosaures !
Attitudes
Je ne vous raconte pas tout cela pour passer le temps, mais parce quâun phĂ©nomĂšne concomittant mâa profondĂ©ment fait rĂ©flĂ©chir : câest le calme avec lequel la population accueille cet incendie.
MĂȘme si la forĂȘt brĂ»le, mĂȘme si câest pas prĂȘt de sâarrĂȘter et mĂȘme si la menace semble rĂ©elle, les citoyens continuent Ă vivre normalement, Ă glander Ă la plage, jouer Ă la balle en regardant dâun oeil morne lâapocalypse se dĂ©chainer de lâautre cĂŽtĂ© du lacâŠ
Et pourquoi sont-il si zen dâaprĂšs vous ?
A mon avis, pour 2 raisons :
Ils bĂ©nĂ©ficient de toute lâinformation nĂ©cessaire Ă la comprĂ©hension de la situation, grĂące aux rĂ©seaux sociaux, aux mĂ©dias et Ă la communication des pouvoirs publics,
Ils ont confiance dans la capacitĂ© desdits pouvoirs publics Ă rĂ©soudre le problĂšme et Ă les prendre en charge si la situation lâexige. La preuve, plus tĂŽt dans la journĂ©e, les pompiers ont prĂ©venu les problĂšmes en Ă©vacuant les zones menacĂ©es au fur et Ă mesure que lâincendie sâĂ©tendait et en prenant les sinistrĂ©s en charge.
Et quâest-ce que cela nous apprend ?
Cela nous apprend que - Ă condition de disposer de lâinformation nĂ©cessaire Ă comprendre et apprĂ©hender le problĂšme - nous comptons sur lâEtat pour gĂ©rer les situations difficiles et nous aider Ă prendre les bonnes dĂ©cisions.
Cela explique pourquoi nous ne sommes pas plus prĂ©ventifs et que mĂȘme quand le danger semble Ă notre porte, nous ne nous stressons pas outre mesure, car nous pensons que nos pouvoirs publics ne laisseront pas leurs usagers dans la panade.
Ces deux Ă©lĂ©ments sont essentiels pour comprendre lâattitude de vos clients ou prospects Ă lâĂ©gard de votre offre en Silver Ă©conomie.
Dans la majoritĂ© des cas, vous aurez affaire Ă des gens confrontĂ©s au problĂšme que vous rĂ©solvez pour la premiĂšre fois. Et ces gens feront confiance Ă lâEtat pour rĂ©soudre le problĂšme du grand Ăąge et de la dĂ©pendance. Car ils sont persuadĂ©s que lâEtat peut toutâŠ. et nous doit tout.
Je reviendrai sur la maniĂšre dont vous pouvez aider vos publics avec une communication utile dans une prochaine newsletter, mais pour lâheure, jâaimerais me concentrer sur lâautre enseignement, notre confiance en lâEtat qui repose sur son hyper-interventionnisme dans certains domaines, dont le notre.
LâEtat omniprĂ©sent et omnipotent
La semaine derniĂšre, jâai exprimĂ© mes rĂ©serves sur les modĂšles dâassistance aux entreprise et autres personnes morales. Jây ai dĂ©fendu un modĂšle oĂč les aides favorisant lâautonomie seraient versĂ©es aux individus et non aux organismes qui prennent en charge la dĂ©pendance ou sa prĂ©vention.
Si vous avez manquĂ© cet Ă©pisode, vous pouvez le consulter iciâŠ
En Ă©crivant ces mots, je me remĂ©morre un passage Ă©difiant du dernier livre de Christophe Capuano (Histoire du maintien Ă domicile) oĂč lâauteur prĂ©sente un dispositif dâaide financiĂšre qui a existĂ© en France entre les annĂ©es 1950 et 1980. Le truc portait un nom imbittable que je nâai pas retenu, mais le dispositif Ă©tait simple Ă comprendre (contrairement aux suivants).
LâEtat versait aux personnes invalides une aide financiĂšre que ces derniĂšres pouvaient utiliser pour de lâaide technique, de lâaide humaine ou simplement pour complĂ©ter leur pension dâinvaliditĂ© ou de retraite.
APA and co.
Le dispositif a Ă©tĂ© interrompu car lâEtat ne faisait pas confiance aux citoyens pour utiliser cette aide selon les finalitĂ©s pour lesquelles elle Ă©tait pensĂ©e. Dans son infinie sagesse, le lĂ©gislateur lui a substituĂ© lâAPA, un dispositif oĂč lâaide est calculĂ©e selon le niveau de dĂ©pendance et attribuĂ©e selon un plan dâaide Ă©laborĂ© par des sachantsâŠqui travaillent pour lâEtat et sont incitĂ©s Ă dĂ©penser le moins possible !
Câest lâaide que nous connaissons aujourdâhui et dont la limite sâexprime par le plan dâaide qui flĂšche trĂšs prĂ©cisemment la maniĂšre dont lâaide doit ĂȘtre dĂ©pensĂ©e.
CĂŽtĂ© habitat partagĂ©, lâAVP est du mĂȘme tonneau puisquâelle ne peut ĂȘtre attribuĂ©e que pour les personnes vivant dans des habitats partagĂ©s qui ont reçu une homologation du conseil dĂ©partemental.
Et que dire de la future Prime Adaptâ qui sera versĂ©e aux citoyens entreprenant des travaux dâadaptation de leur logement Ă la dĂ©pendance en ciblant certains dispositifs et pas dâautres selon une nomenclature qui sera de toute Ă©vidence dĂ©terminĂ©e par lâEtat qui sait mieux que les citoyens ce qui est bien et ce qui ne lâest pas.
Comme vous pouvez le constater, nous avons toutes les raisons de faire confiance Ă lâEtat puisque câest lui qui dĂ©cide Ă notre place comment nous devons dĂ©penser notre argent !
Mais lĂ oĂč le bat blesse, câest quand ces aides atteignent leur limite.
LâAPA ne concerne que les citoyens fortement dĂ©pendants, en GIR 1, 2 et 3 (lâallocation GIR 4 relĂšve de la gratification) et dont les revenus sont faibles Ă moyens (un ticket modĂ©rateur sâapplique en fonction des ressources).
LâAVP et la prime Adapt sont sĂ©vĂšrement flĂ©chĂ©es.
Lâexception
Pour lâheure, la seule aide qui soit assez libĂ©rale dans son utilisation et qui sâapplique Ă tous les citoyens, quel que soit leur revenu, câest le crĂ©dit dâimpĂŽt sur les services Ă la personne qui permet de dĂ©duire 50% des montants payĂ©s Ă des intervenants Ă domicile.
Assurance dépendance et 5Ú risque
Cependant, un autre financement pourrait bien venir bousculer lâĂ©difice, câest celui connu sous le nom de 5Ăš risque, une assurance dĂ©pendance prise en charge par la SĂ©curitĂ© sociale qui devrait bientĂŽt voir le jour.
OrâŠ
Quit dit risque couvert par la sĂ©cu dit ticket modĂ©rateur et assurances complĂ©mentaires. Vu lâĂ©tat de dĂ©crĂ©pitude des finances publiques et la pression que le vieillissement de la population fait dĂ©jĂ peser sur la sĂ©cu, je doute fort que le 5Ăš risque soit une assurance universelle qui couvre 100% des besoins de 100% des citoyens.
Non, il y a fort Ă parier que le systĂšme sâorganisera de maniĂšre assez classique avec un socle public, une variable selon les ressources du bĂ©nĂ©ficiaire et une porte ouverte Ă des assureurs privĂ©s pour complĂ©ter le dispositif.
Oui, je parle bien dâassurance dĂ©pendance.
Le sujet a fait couler beaucoup dâencre et jâai plusieurs trĂšs bons textes Ă vous partager, mais jâai assez abusĂ© de votre temps pour aujourdâhui et je vous propose de poursuivre notre rĂ©flexion la semaine prochaine oĂč je vous parlerai donc dâassurance dĂ©pendance !
Create your profile
Only paid subscribers can comment on this post
Check your email
For your security, we need to re-authenticate you.
Click the link we sent to , or click here to sign in.